Le captage et le stockage du carbone (CSC) sont une technologie en évolution (ou, plus précisément, une suite de technologies) visant à réduire les émissions de CO2 provenant de grandes sources d'émissions fixes telles que les centrales électriques au charbon. Le procédé implique la « capture » du CO2 des centrales électriques et des industries à forte intensité de CO2, son transport ultérieur vers un site de stockage, et enfin son injection dans une formation géologique appropriée sous le sol ou le fond marin à des fins de stockage permanent.
Les syndicats, en particulier ceux qui représentent les travailleurs de la production d'électricité et des industries à forte intensité énergétique, ont généralement soutenu le CCS. Cet article présente deux ensembles de données qui devraient les amener à reconsidérer leur position. Ces données sont présentées sous la forme de deux scénarios intitulés « non-déploiement du CCS » et « Déploiement du CCS ». Les problèmes liés à l'un ou l'autre scénario sont suffisamment graves pour nécessiter une réévaluation approfondie du soutien syndical à la CCS. Dans le cas où le CSC n'est pas déployé à une échelle suffisante, ce qui est un scénario probable, le soutien politique des syndicats et d'autres acteurs au CSC permet de couvrir les nouvelles infrastructures charbonnières, mais les émissions générées par cette nouvelle capacité ne seront jamais capturées ni stockées. Mais même si le CSC est déployé à grande échelle, les impacts sanitaires et environnementaux liés à l'extraction, au transport et à la combustion du charbon ne seront pas éliminés et pourraient s'aggraver en raison de la « pénalité énergétique » associée au CSC. Dans l'un ou l'autre de ces scénarios, le soutien des syndicats à la CCS sépare le mouvement syndical des autres communautés qui cherchent à créer un « mouvement de mouvements » pour la justice climatique et environnementale.
Le document conclut en exhortant les syndicats à s'engager à développer un troisième scénario, basé sur la volonté de remettre en question l'hypothèse selon laquelle la demande d'énergie continuera d'augmenter et que la « croissance » telle qu'elle est traditionnellement comprise peut se poursuivre de manière plus ou moins ininterrompue. Un troisième scénario sera également ancré dans la propriété publique et la récupération des ressources énergétiques, des infrastructures et des options dans la sphère publique. La seule voie envisageable pour un développement véritablement essentiel du CSC (par exemple à des fins industrielles spécifiques) se situe totalement en dehors du cadre néolibéral qui définit actuellement les paramètres de ce qui est possible sur le terrain étroit du marché.