Il est cruellement ironique de constater que les pays qui ont le moins contribué aux émissions de gaz à effet de serre sont confrontés aux impacts les plus importants de la crise climatique. Cette inégalité entre les pays se reflète au sein des pays. Les principaux responsables du réchauffement de la planète, les riches et les puissants, n'en subiront pas les conséquences. Même si les pays du Sud ne sont peut-être pas responsables du problème, il ne peut être résolu sans eux.
Les négociateurs internationaux sur le climat ont reconnu cette réalité à travers le concept de « responsabilités communes mais différenciées » (CBDR). Le CBDR insiste sur le fait que tous les États ont l'obligation de lutter contre le changement climatique, mais concilie cette obligation avec la reconnaissance du fait qu'ils ne sont pas également responsables. De même, les syndicalistes, les peuples autochtones et les représentants d'autres groupes vulnérables ont fait pression pour une « transition juste » afin de garantir que le passage d'un système d'énergie fossile à un système basé sur les énergies renouvelables ne se fasse pas aux dépens des pauvres et des travailleurs.
Le concept de « transition juste » reste un peu flou, mais la discussion est souvent dominée par les préoccupations des travailleurs des secteurs des combustibles fossiles et des industries à forte intensité énergétique, en particulier dans les pays du Nord. Mais une transition juste dans une économie industrielle ou post-industrielle serait très différente de celle d'une économie en développement, où un grand nombre de personnes sont exclues de l'accès aux formes modernes d'énergie et où l'infrastructure sociale que les sociétés industrialisées peuvent tenir pour acquise n'a pas été mise en place.
Ce document de travail du TUED est le premier à être rédigé par les membres d'un syndicat participant des pays du Sud, la New Trade Union Initiative (NTUI) de l'Inde. Il s'agit d'une fédération syndicale nationale qui cherche à donner une voix indépendante, démocratique et militante aux travailleurs indiens. Rohan Dominic Mathews, Susana Barria et Ashim Roy décrivent à quoi pourrait ressembler une transition juste, démocratique et durable des combustibles fossiles (en particulier le charbon) vers les énergies renouvelables en Inde. Mathews est doctorant en sociologie à l'université de Göttingen, Barria est un chercheur précédemment associé au NTUI qui travaille maintenant pour Public Services International, et Roy est le secrétaire général fondateur du NTUI.
En Inde comme ailleurs, la nécessité de passer à un nouveau type de système énergétique ouvre la possibilité de reconstruire la société de manière à promouvoir la démocratie et la justice sociale. Mais cela crée également le risque que la « subsistance commune de l'humanité » soit capturée par des intérêts privés au lieu d'être utilisée pour le bien public. La voie que nous emprunterons dépendra de la force organisationnelle et politique des travailleurs. Dans cet article, les auteurs proposent une analyse claire des politiques auxquelles les syndicats et leurs alliés peuvent se rallier afin de garantir une transition vraiment juste.
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